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mardi, 16 janvier 2007

Le parapluie de coton bleu.

Le parapluie de coton bleu  Jules Renard


Ils n’ont que le temps de quitter la route, pour courir par le pré, vers les arbres épais. Mais les arbres sont encore trop loin. Pauline et Pierre ne peuvent plus aller. Ils se laissent tomber, défaillants d’amour, au milieu du pré, dans l’herbe rousse et les fleurs grillées, sous le parapluie de Pauline qu’elle ouvre tout grand.
S‘il ne vient personne sur la route, le parapluie de coton reste immobile.
Mais voici quelqu’un.
Pauline aussitôt met en mouvement le parapluie dont elle roule le manche du bout des doigts, tandis que Pierre ne s’occupe de rien.
Le parapluie tourne sur les pointes de ses baleines, et docile, le manche toujours en ligne, menaçant, selon l’allure du voyageur curieux, il se hâte ou se ralentit.
Il cache les amants, les protège, les enveloppe de son ombre ajourée, car les blanches aiguilles du soleil, çà et là, font des trous.
Puis il s’arrête.
Le voyageur, un moment excité, courbé de nouveau sous l’accablante chaleur pour continuer sa route, n’a vu que quatre pieds mêlés qui dépassaient un peu.

in "Le vigneron dans sa vigne". 1901.

En mode image sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k102079j

lundi, 15 janvier 2007

Chapeau

Gustave Flaubert.

Dictionnaire des idées reçues
Chapeau:
Protester contre la forme des chapeaux.

Le chapeau de Plouharnel

Nous étions levés, nous allions partir, nous le vîmes passer, mais nous ne l'aperçumes que par derrière. Qu'était-ce par devant ? qui donc ? le chapeau. Quel chapeau ! un vaste et immense chapeau qui dépassait les épaules de son porteur et qui était en osier, quel osier ! du bronze plutôt, planisphère dur et compact fait pour résister à la grêle, que la pluie ne traversait point, que le temps ne devait que durcir et fortifier. L'homme qu'il recouvrait disparaissait dessous, et avait l'air d'y être entré jusqu'au milieu du corps, et il le portait cependant (je l'ai vu tourner la tête). Quelle constitution ! quel tempérament il avait donc ! quels muscles cervicaux ! quelle force dans les vertèbres ! Mais aussi quel ampleur ! quel cercle ce chapeau ! Il projette une ombre tout à l'entour de lui, et son maître ne doit jamais jouir du soleil. Ah ! quel chapeau ! C'est un couvercle de chaudière à vapeur surmonté d'une colonne, ça ferait un four en y pratiquant des meurtrières ! Il y a des choses inébranlables : le Simplon et l'impudence des critiques, des choses solides : l'art de l'Etoile et le français de Labruyère, des choses lourdes : le plomb, le bouilli et M. Nisard, des choses grandes : le nez de mon frère, l'Hamlet de Shakespeare et la tabatière de Bouilhet, mais je n'ai rien vu d'aussi solide, d'aussi inébranlable, d'aussi grand et d'aussi lourd que ce chapeau de Plouharnel !
Et il avait une couverture en toile cirée !

Par les champs et par les grèves. Voyage en Bretagne (1847)

Sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k102053k

dimanche, 19 novembre 2006

Coupe

Coupe Funéraire.

Une coupe faite d'une demi noix de coco évidée, trouvée en 1934 chez les Toradja des îles Célèbes en Indonésie.
On y recueillait les liquides suintant d'un cadavre en décomposition. Ce liquide, contenant un peu de l'âme du défunt, était ensuite incorporé l'eau de cuisson du riz familial .
Pendant le temps de cette Première Mort, qui peut durer un an, l'âme du défunt erre autour de son corps en décomposition sans plus pouvoir y entrer. La délivrance complète de l'âme aura lieu lorsque plus un lambeau de chair ne restera accroché aux os. Commencera alors le temps de la Deuxième Mort .

Elizabeth Sauvy Titaÿna.

Une femme chez les chasseurs de têtes.
Paru aux éditions de la Nouvelle Revue Critique. Juin, 1934.  Editions UGE, 10/18. Coll. Grands reporters, 1985

> L'« Aventure Vécue » à Bornéo : un survol de la « Littérature »Bernard Sellato.    Archipel -   Année   1987  - Volume   33  - Numéro   33   - pp. 143-149

mardi, 31 octobre 2006

Poignard rituel tibétain: pourba

Comment Alexandra David-Neel tente de s’approprier un pourba, poignard rituel qui a appartenu à un chef lama récemment décédé et dont ses moines essaient de se débarrasser en raison de ses nombreux méfaits.

Mystiques et magiciens du Tibet.
Edition Plon, 1929,
Collection presses pocket 1980, chapitre 4

vendredi, 13 octobre 2006

Les automates de Locus Solus

Locus Solus, c’est la propriété du professeur Martial Canterel. Ce savant génial a su ressusciter huit personnages qui revivent derrière des vitres des scènes de leur existence passée.

Sur le site de L'université de Paris 8
http://hypermedia.univ-paris8.fr/bibliotheque/LOCUS_SOLUS...

« Voyant quels réflexes merveilleux il obtenait avec les nerf faciaux de Danton, immobilisés dans la mort depuis plus d'un siècle, Canterel avait conçu l'espoir de donner une complète illusion de la vie en agissant sur de récents cadavres, garantis par un froid vif contre la moindre altération.
Mais la nécessité d'une basse température empêchait d'utiliser l'intense pouvoir électrisant de l'aqua-micans, qui, se congelant rapidement, eût emprisonné chaque trépassé, dès lors impuissant à se mouvoir.
S'essayant longuement sur des cadavres soumis à temps au froid voulu, le maître, après maints tâtonnements, finit par composer d'une part du vitalium, d'autre part de la résurrectine, matière rougeâtre à base d'érythrite, qui, injectée liquide dans le crâne de tel sujet défunt, par une ouverture percée latéralement, se solidifiait d'elle-même autour du cerveau étreint de tous côtés. Il suffisait alors de mettre un point de l'enveloppe intérieure ainsi créée en contact avec du vitalium, métal brun facile à introduire sous la forme d'une tige courte dans l'orifice d'injection, pour que les deux nouveaux corps, inactifs l'un sans l'autre, dégageassent à l'instant une électricité puissante, qui, pénétrant le cerveau, triomphait de la rigidité cadavérique et douait le sujet d'une impressionnante vie factice. Par suite d'un curieux éveil de mémoire, ce dernier reproduisait aussitôt, avec une stricte exactitude, les moindres mouvements accomplis par lui durant telles minutes marquantes de son existence ; puis, sans temps de repos, il répétait indéfiniment la même invariable série de faits et gestes choisie une fois pour toutes. Et l'illusion de la vie était absolue : mobilité du regard, jeu continuel des poumons, parole, agissements divers, marche, rien n'y manquait.

Quand la découverte fut connue, Canterel reçut maintes lettres émanant de familles alarmées, tendrement désireuses de voir quel qu'un des leurs, condamné sans espoir, revivre sous leurs yeux après l'instant fatal. Le maître fit édifier dans son parc, en élargissant partiellement certaine allée rectiligne afin de se fournir un emplacement favorable, une sorte d'immense salle rectangulaire, simplement formée d'une charpente métallique supportant un plafond et des parois de verre. Il la garnit d'appareils électriques réfrigérants destinés à y créer un froid constant, qui, suffisant pour préserver les corps de toute putréfaction, ne risquait cependant pas de durcir leurs tissus. Chaudement couverts, Canterel et ses aides pouvaient sans peine passer là de longs moments.
Transporté dans cette vaste glacière, chaque sujet défunt agréé par le maître subissait une injection crânienne de résurrectine. L'introduction de la substance avait lieu par un trou mince, qui, pratiqué au-dessus de l'oreille droite, recevait bientôt un étroit bouchon de vitalium.

Résurrectine et vitalium une fois en contact, le sujet agissait, tandis qu'auprès de lui un témoin de sa vie, emmitouflé à souhait, s'employait à reconnaître, aux gestes ou aux paroles, la scène reproduite — qui pouvait se composer d'un faisceau de plusieurs épisodes distincts.
Durant cette phase investigatrice, Canterel et ses aides entouraient de près le cadavre animé, dont ils épiaient tous les mouvements afin de lui porter parfois un secours nécessaire. En effet la réédition exacte de tel effort musculaire fait pendant la vie pour soulever quelque lourd objet — alors absent — entraînait une rupture d'équilibre qui, faute d'intervention immédiate, eût provoqué une chute. En outre, au cas où les jambes, n'ayant qu'un sol plat devant elles, se fussent mises à monter ou à descendre un escalier imaginaire, il eût fallu empêcher le corps de tomber soit en avant, soit en arrière. Une main prompte devait se tenir prête à remplacer tel mur inexistant où fût venue s'appuyer l'épaule du sujet, disposé par moments à s'asseoir dans le vide si des bras ne l'eussent reçu.

Après identification de la scène, Canterel, se documentant soigneusement, effectuait en un point de la salle de verre une reconstitution fidèle du cadre voulu, en se servant le plus souvent possible des objets originaux eux-mêmes. Dans les cas où il y avait des paroles à entendre, le maître faisait pratiquer, à un endroit favorable du vitrage, un très petit oeil-de-boeuf, simple ment fermé à la colle par un disque en papier de soie.

Livré à lui-même et habillé conformément à l'esprit de son rôle, le cadavre, trouvant en place meubles, points d'appui, résistances diverses, affaires à soulever, s'exécutait sans chutes ni gestes faussés. On le ramenait à son point de départ après l'achèvement de son cycle d'opérations, qu'il recommençait indéfiniment sans nulle variante. Il retrouvait l'immobilité de la mort dès qu'on lui retirait, en la saisissant par un minuscule anneau mauvais conducteur, la tige de vitalium, qui, introduite à nouveau dans son crâne, sous l'abri dissimulateur des cheveux, lui faisait toujours reprendre son rôle au point initial.

Quand les scènes l'exigeaient, le maître payait des figurants pour y tenir tels emplois. Le corps enveloppé de forts tricots sous le costume réclame par leur personnage et le chef garanti par une épaisse perruque, ils étaient à même de séjourner dans la glacière.

Tour à tour les huit morts suivants, amenés à Locus Solus, subirent le traitement nouveau et revécurent des scènes qui résumaient divers enchaînements de faits.
Enveloppé de fourrures, un aide de Canterel mettait ou enlevait aux huit morts leur autoritaire bouchon de vitalium — et faisait au besoin se succéder les scènes sans interruption en ayant régulièrement soin d'animer tel sujet un peu avant de réengourdir tel autre.

lundi, 11 septembre 2006

Mémoires des immigrations et des territoires

Un site conçu pour "valoriser et mettre en réseau les projets des centres socioculturels du Bas-Rhin et des partenaires, synthétiser les enjeux autour du thème de la mémoire, mettre en commun les ressources, offrir un accès facile et une illustration pratique, contribuer à la Cité nationale de l’histoire de l’immigration."

Adresse du site : http://www.memoires-immigrations.org/index.htm

mardi, 29 août 2006

Recueil des Récits de Rêve : RRR

En marge de la mémoire, un Recueil des Récits de Rêve littéraires par Guy Laflèche, de l’Université de Montréal

Les auteurs
http://www.mapageweb.umontreal.ca/lafleche/rrr/ind2.html#...

Les oeuvres
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La chronologie
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