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mardi, 16 janvier 2007

Le parapluie de coton bleu.

Le parapluie de coton bleu  Jules Renard


Ils n’ont que le temps de quitter la route, pour courir par le pré, vers les arbres épais. Mais les arbres sont encore trop loin. Pauline et Pierre ne peuvent plus aller. Ils se laissent tomber, défaillants d’amour, au milieu du pré, dans l’herbe rousse et les fleurs grillées, sous le parapluie de Pauline qu’elle ouvre tout grand.
S‘il ne vient personne sur la route, le parapluie de coton reste immobile.
Mais voici quelqu’un.
Pauline aussitôt met en mouvement le parapluie dont elle roule le manche du bout des doigts, tandis que Pierre ne s’occupe de rien.
Le parapluie tourne sur les pointes de ses baleines, et docile, le manche toujours en ligne, menaçant, selon l’allure du voyageur curieux, il se hâte ou se ralentit.
Il cache les amants, les protège, les enveloppe de son ombre ajourée, car les blanches aiguilles du soleil, çà et là, font des trous.
Puis il s’arrête.
Le voyageur, un moment excité, courbé de nouveau sous l’accablante chaleur pour continuer sa route, n’a vu que quatre pieds mêlés qui dépassaient un peu.

in "Le vigneron dans sa vigne". 1901.

En mode image sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k102079j

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