mardi, 25 juin 2013
La mitrailleuse à gifles - Henri Michaud
C’est dans la vie de famille, comme il fallait s’y attendre, que je réalisai la mitrailleuse à gifles. Je la réalisai, sans l’avoir méditée. Ma colère tout à coup se projeta hors de ma main, comme un gant de vent qui en serait sorti, comme deux, trois, quatre, dix gants, des gants d’effluves qui, spasmodiquement, et terriblement vite se précipitèrent de mes extrémités manuelles, filant vers le but, vers la tête odieuse qu’elles atteignirent sans tarder.
Ce dégorgement répété de la main était étonnant. Ce n’était vraiment plus un gifle, ni deux. Je suis d’un naturel réservé et ne m’abandonne que pour le précipice de la rage.
Véritable éjaculation de gifles, éjaculation en cascade et à soubresauts, ma main restant rigoureusement immobile.
Ce jour-là, je touchai la magie.
Un sensible eût pu voir quelque chose. Cette sorte d’ombre électrique jaillissant spasmodiquement de l’extrémité de ma main, rassemblée et se reformant en un instant.
Pour être tout à fait franc, la cousine qui m’avait raillé venait d’ouvrir la porte et de sortir, quand réalisant brusquement la honte de l’offense, je répondis à retardement par une volée de gifles qui, véritablement, s’échappèrent de ma main.
J’avais trouvé la mitrailleuse à gifles, si je puis dire, mais rien ne le dit mieux.
Ensuite je ne pouvais plus voir cette prétentieuse sans que gifles comme guêpes ne filassent de ma main vers elle.
Cette découverte valait bien d’avoir subi ses odieux propos. C’est pourquoi je conseille parfois la tolérance à l’intérieur de la famille.
15:45 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : henri michaux, liberté d’action, gifles, mitraillettes, objets
vendredi, 16 février 2007
Languier
Aux quelques ramures qui portaient des esses, il fixa mes bouts de langues puis, à la réflexion, me proposa de réaliser une logette garnie de barreaux très resserrés pour les protéger d'un espèce de souris locale qui raffolait des abattis qui ont des odeurs de sainteté, fussent-elle passées."
Voyages de Jehan de Gurville
Avant d'être montées en orfèvrerie sur des arbres, les langues de prophètes sont naturalisées. La technique la plus fréquente consiste à les recouvrir d'une fine couche de cuivre ou d'argent par simple électrolyse. Elles sont censées s'oxyder vivement en présence d'haleines venimeuses.
A propos des languiers voir "Le crime de poison au Moyen Age" de Franck Collard ( édition PUF)
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