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mardi, 21 août 2012

Main de gloire

Disant cela, le bohémien tira de sa poche son livre d’Albert le Grand, et, à la clarté de la lanterne qu’il avait apportée, il lut le paragraphe qui suit : Moyen héroïque dont se servent les scélérats pour s’introduire dans les maisons. « On prend la main coupée d’un pendu, qu’il faut lui avoir achetée avant la mort, on la plonge, en ayant soin de la tenir presque fermée, dans un vase de cuivre contenant du zimac et du salpêtre, avec de la graisse de spondillis. On expose le vase à un feu clair de fougère et de verveine, de sorte que la main s’y trouve, au bout d’un quart d’heure, parfaitement desséchée et propre à se conserver longtemps. Puis, ayant composé une chandelle avec de la graisse de veau marin et du sésame de Laponie, on se sert de la main comme d’un martinet pour y tenir cette chandelle allumée ; et, par tous les lieux où l’on va, la portant devant soi, les barres tombent, les serrures s’ouvrent, et toutes les personnes que l’on rencontre demeurent immobiles. « Cette main ainsi préparée reçoit le nom de main de gloire. »

― Quelle belle invention ! s’écria Eustache Bouteroue.


Gérard de Nerval
La Main enchantée