vendredi, 31 mai 2013
Préjugés
" Il est dans le monde des erreurs tellement enracinées, qu’elles semblent ne devoir jamais disparaître. L’homme, une fois qu’il a adopté une idée fausse, ne s’en dépouille pas aisément ; et, soit orgueil, soit honte de changer, il emploie pour la justifier des sophismes plus ou moins spécieux. Quand les préjugés, qui prennent quelquefois naissance dans les hautes classes de la société, arrivent jusqu’au peuple, ils en deviennent, en quelque façon, la croyance ; celui-ci en est imprégné, et ne cherche point à s’en rendre raison. Ce n’est qu’après une suite d’efforts, et les coups répétés de la philosophie, que l’on parvient à pratiquer dans ces esprits égarés une brèche pour y faire pénétrer la vérité. Revenu alors comme d’un long sommeil, chacun se demande étonné comment on a pu conserver tant de mauvaises passions, tant de fausses doctrines. C’est que l’esprit humain, marchant de progrès en progrès, tend sans cesse vers cette haute perfection, encore bien éloignée de nous, mais que des esprits généreux aiment à entrevoir à travers le voile obscur de l’avenir."
Jean-Baptiste Symphor Linstant de Pradines : " Essai sur les moyens d’extirper les préjugés des blancs contre la couleur des Africains et des sang-mêlés " 1841
22:29 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pradines, préjugés, noirs, blancs, racisme
Les commentaires sont fermés.